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2.4.2.b L'Esca

Quels sont les symptômes et conséquences de l’ESCA au vignoble ?

Les symptômes de la tigrure des feuilles caractérisant la forme lente de l’Esca apparaissent autour de la véraison et se manifestent régulièrement durant toute la période végétative. Ils touchent soit toute la plante, soit un seul bras, ou encore quelques rameaux. Ce sont les feuilles de la partie inférieure qui sont touchées les premières. Il convient de noter l’extrême variabilité de l’expression des symptômes d’une année sur l’autre. En effet, un pied malade une année peut très bien, l’année suivante, apparaître sain.
Chez les cépages blancs, les symptômes foliaires sont caractérisés par la présence de petites taches de couleur jaune, plutôt laiteuses, à la surface du limbe, et de taches nécrotiques délimitées par un liseré de couleur jaune laiteux, le plus souvent en bordure de la feuille.

Esca sur Cabernet-Sauvignon (Source: Vigne Vin Occitanie)

A des stades plus avancés, les nécroses sont plus importantes, ne laissant qu’une bande verte le long des nervures principales, ce qui donne un aspect tigré à la feuille.
Chez les cépages noirs, les mêmes symptômes sont observés à la différence que des taches rouge clair sont également présentes à la surface du limbe. Elles cernent aussi toutes les zones nécrotiques et sont séparées des tissus verts par un liseré de couleur jaune laiteux.
Les symptômes sur fruits se traduisent soit par un retard dans leur maturation, soit par leur flétrissement. Les fruits peuvent aussi présenter des taches brun violacées à leur surface. Ces symptômes sont en association ou non aux symptômes foliaires. Ce faciès, appelé Black Measles, est observé en France, plus particulièrement en Alsace.

Symptômes d'Esca sur grappes

L’Esca se caractérise dans le bois par une pourriture blanche appelée communément amadou. Ce bois friable et de couleur clair est le résultat de l’action de champignons basidiomycètes qui ont la particularité de se développer à partir de nécroses provoquées par d’autres champignons. Ces nécroses, soit en position centrale, soit en position sectorielle, commencent très souvent par des plaies de taille.

Quelles sont les confusions possibles avec d’autres maladies ?

Plusieurs critères permettent de distinguer la forme lente de l’Esca à celle du Black Dead Arm :

  • La date d’apparition des symptômes : les premiers symptômes apparaissent à partir de la floraison pour le Black Dead Arm alors que pour l’Esca, ils n’apparaissent qu’autour de la véraison.

  • L’intensité des couleurs des taches sur les feuilles : pour les cépages blancs, le jaune est vif pour le BDA alors que pour l’Esca il est plutôt blanc. Pour les cépages noirs, il n’y a pas de jaunissement sur les feuilles et le rouge est beaucoup plus foncé pour le BDA. Cette distinction est difficile à effectuer à partir de la véraison en raison de l’éclaircissement des tissus. Le rouge vineux devient rouge clair et le vert prend une teinte jaune clair.

Concernant la forme apoplectique, il n’est pas possible de les distinguer sans couper les ceps. Cette forme d’expression est non spécifique à une maladie. Elle touche isolément les ceps au milieu de l’été, chargés de fruits qui se dessèchent en l’espace de quelques jours. Cette forme est souvent confondue avec la forme sévère du Black Dead Arm qui, contrairement à l’Esca, se traduit par une défoliation des rameaux avant leur dessèchement. Elle peut être également confondue avec les dessèchements provoqués par d’autres maladies telles le pourridié, l’eutypiose… ou par des problèmes plus physiologiques tels l’étranglement du porte-greffe, de très mauvaises tailles. L’apoplexie est observée selon certaines conditions climatiques, notamment lors de périodes de sécheresse ou de fort vent. Elle est due au fait que l’évapotranspiration trop forte durant ces périodes n’est plus compensée par un afflux en eau suffisant car il ne reste plus qu’une faible quantité de bois fonctionnel.

Quels sont les champignons associés à l’Esca ?

Se traduisant par la présence d’une pourriture blanche (amadou) dans le bois et le déclin de la souche pouvant aller jusqu’à son apoplexie, l’Esca fait intervenir plusieurs champignons :

  • Phaeomoniella chlamydospora et Phaeoacremonium minimum, se développant dans une nécrose brune en position centrale

  • Eutypa lata (agent de l’eutypiose) responsable de la nécrose brune en position sectorielle

  • Des champignons Basidiomycètes dont le plus souvent rencontré en France est Fomitiporia mediterranea. Ces champignons colonisent les nécroses provoquées par les champignons cités ci-dessus.

Quelle est la biologie des micro-organismes responsables de l’Esca ?

La conservation des champignons se fait sur ceps malades ou morts, mais d’autres espèces ligneuses peuvent abriter ces champignons. La dissémination des spores de Phaeoacremonium minimum semble s’effectuer pendant la période végétative, alors que celle de Phaeomoniella chlamydospora et d’Eutypa lata s’effectue toute l’année. La contamination se fait notamment via les plaies de taille lors de périodes douces et pluvieuses.

Les questions ci-dessus sont extraites de Vigne Vin Occitanie.

Existe-il des méthodes prophylactiques ?

Il n’existe pas de traitement curatif spécifique à l’Esca. Cependant, plusieurs méthodes de lutte prophylactiques peuvent être mises en place dès la plantation pour en limiter la contamination par les champignons Phaeomoniella chlamydospora, Eutypa lata et Fomitiporia mediterranea :

  • La gestion de la vigueur : une vigueur trop importante peut favoriser l’installation de la maladie. La limitation de la vigueur passe par un raisonnement du matériel végétal dès la plantation. La conduite du vignoble et doit aussi être raisonnée : les opérations d’ébourgeonnage permettent de limiter les charges excessives. La fertilisation doit aussi être raisonnée. En effet, un excès d’apport azoté peut favoriser l’excès de vigueur.

  • Le nettoyage et la propreté du vignoble : il est primordial de retirer les souches mortes de la parcelle qui pourraient constituer un foyer infectieux pour la maladie.

  • La gestion de la taille : lors de la taille hivernale, il faut autant que possible limiter les plaies de taille. Laisser un cône de dessèchement de plusieurs millimètres lors de la taille hivernale. Supprimer une partie de ce cône en procédant à une recoupe l’année suivante afin de limiter la présence de bois mort

  • La protection après la taille hivernale : En viticulture biologique, il est possible d’utiliser des produits de protection des plaies de taille homologués à base de Trichoderma pour l’ESCA mais aussi le BDA

Quels sont les techniques à disposition ?

Lorsqu’un pied de vigne est atteint par l’Esca, il est possible d’éviter l’arrachage et de restaurer ces pieds. Plusieurs pratiques existent telles que le recépage ou encore le regreffage. Le curetage est une technique qui consiste à ouvrir les pieds malades afin de rendre visibles les tissus dégradés par les champignons responsables de l’Esca et de les retirer à l’aide d’une tronçonneuse.

Château Latour a mis en place la technique de curetage depuis quelques années. Des pieds symptomatiques ont été marqué par position GPS en 2016 pour un curetage en 2017. Un suivi rigoureux chaque année permet de vérifier le pourcentage de réussite du curetage, c’est-à-dire d’identifier le nombre de pieds curetés qui ne manifestent aucun symptôme au moins sur les deux années après le curetage. Le taux de réussite était de 85% après la première année.
C’est cependant une pratique gourmande en temps et en technicité qui ne peut que difficilement être étendu à tout un vignoble.

Curetage à Château Latour
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