La cicadelle de la Flavescence Dorée (FD) (Scaphoideus titanus) est une maladie grave, classée parmi les jaunisses de la vigne et détectée depuis les années 1950 en France. Elle est causée par un phytoplasme qui est classé comme organisme de quarantaine, son principal vecteur est une cicadelle inféodée à la vigne et qui transmet le phytoplasme en se nourrissant. La flavescence dorée est l’une des maladies les plus dommageables du vignoble européen et celle-ci peut avoir un impact sévère, tel que des pertes de rendement ou le dépérissement des plantes et d’importantes conséquences économiques dans la majorité des pays viticoles. Sans mesures de contrôle, la maladie se propage rapidement, et peut affecter la totalité des ceps en quelques années.
2.4.3.c La cicadelle de la Flavescence Dorée
Quels sont les dégâts de la cicadelle de la flavescence dorée au vignoble ?
Une fois affectée par la flavescence dorée, la vigne présente les symptômes caractéristiques des jaunisses. Les premiers symptômes peuvent parfois être observés au début du développement végétatif : le premier symptôme visible peut être un retard de débourrement ou un mauvais débourrement.
Au printemps, on peut observer une réduction de la croissance des rameaux fructifères, une coloration et un enroulement des feuilles. Les symptômes plus évidents sont mieux visibles en septembre. Sur la vigne infectée, on peut observer un manque ou une absence de lignification des rameaux. Les feuilles s’enroulent, sont craquantes au toucher et deviennent rougeâtres pour les cépages rouges ou jaunâtres pour les cépages blancs. Le dessèchement des inflorescences et des baies peut se produire en été. À l’intérieur de la plante, le phytoplasme réduit l’activité photosynthétique et le transport des nutriments, diminue la qualité du raisin ou peut même entraîner un dessèchement total des grappes, provoquant des pertes de rendement significatives (jusqu’à 100%). A plus ou moins long terme, la souche infestée meurt.
Quelles sont les confusions possibles avec d’autres maladies/ravageurs ?
Les vignes infectées par la flavescence dorée développent des symptômes qui ne peuvent pas être distingués de ceux provoqués par d’autres phytoplasmes de la vigne, appartenant au groupe des jaunisses et peuvent être facilement confondus avec d’autres maladies.
Comment reconnaitre la cicadelle de la flavescence dorée ?
Les adultes mesurent entre 6 et 7 mm. Ils sont de forme allongée, de couleur ocre, tachetés de marbrures brunes. Les larves, de couleur blanc hyalin, aux 2 premiers stades passent progressivement au jaune avec une pigmentation brune sur l’abdomen puis le thorax, 2 points noirs à l’extrémité de l’abdomen sont caractéristiques de cette cicadelle. L’œuf, bistre clair, mesure 1 mm, est allongé et aplati.
Quelle est la biologie de la cicadelle de la flavescence dorée ?
Scaphoideus titanus est une espèce univoltine (c’est-à-dire, une espèce qui n’a qu’une seule génération annuelle). Les œufs sont pondus à la fin de l’été sous l’écorce du vieux bois, puis après un stade de diapause de 6 à 8 mois, variable en fonction des conditions climatiques et des caractéristiques du vignoble, les œufs éclosent.
La durée de la période d’éclosion varie selon les régions et sont régulées par les températures. Après l’éclosion, 5 stades larvaires se succèdent en 5 à 8 semaines, selon les conditions climatiques avant l’apparition des adultes. Les larves restent habituellement sur la plante où elles éclosent, mais sautent parfois d’une plante à l’autre. Elles se nourrissent préférentiellement sur les pampres à la base du tronc ou sur les feuilles inférieures. Les adultes apparaissent généralement à partir de juillet, sont très mobiles et volent de vigne en vigne. Pour s’accoupler, Scaphoideus titanus émet des signaux de communication vibratoires. Les femelles, si elles se sont accouplées, peuvent commencer à pondre des œufs 10 jours après la dernière mue.
Ces sections sont issues de Vigne Vin Occitanie.
Existe-il des méthodes prophylactiques contre ce ravageur ?
Au vignoble, il existe plusieurs pratiques visant à limiter voire empêcher l’introduction du phytoplasme :
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Le traitement à l’eau chaude (TEC) des porte-greffes, greffons ou jeunes plants de vigne (Le phytoplasme est sensible à la chaleur, le passage des jeunes plants 45 minutes dans une eau à 50°C permet d’éliminer la présence du phytoplasme sur le matériel végétal). Certaines appellations rendent obligatoire ce traitement par arrêté préfectoral, c’est le cas de la Bourgogne par exemple.
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La plantation de matériel sain (provenant de zones exemptes de la flavescence dorée)
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La mise en place et les relevés réguliers de pièges
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L’observations de symptômes et la mise en place de relevés de symptômes au vignoble qui sont analysés en laboratoire. Ces relevés peuvent être mis en place par des institutions régionales ou nationales (chambres d’agriculture, centres techniques…)
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L’adaptation des opérations en vert avant les traitements, par la mise en place d’un épamprage par exemple
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La suppression de pieds de vigne symptomatiques le plus rapidement possible : arrachage des pieds touchés et de l’intégralité des parcelles lorsque la contamination concerne plus de 20% des pieds. Les bois de taille doivent aussi être sortis de la parcelle car les œufs se trouvent sous l’écorce des bois de 2 ans.
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L’utilisation de piquets de palissage en bois peut être porteurs de cicadelle. Cependant, aucune étude scientifique ne permet de quantifier leur importance dans la dynamisation des populations.
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La gestion de la FD de manière collective par la mise en place de collaborations, formations et préventions entre régions.
Quels sont les traitements à disposition ?
La lutte combine des mesures de traitement insecticides en plus des mesures prophylactiques énoncées précédemment. Dans le cadre d’une lutte contre Scaphoïdus titanus dans les parcelles conduites en agriculture biologique, un traitement insecticide à base de pyrèthre naturel est obligatoire. En l'absence de cicadelle au vignoble, le nombre de traitements insecticides peut être réduit. Seule une surveillance accrue au vignoble qui permet de détecter précocement les vignes touchées permet aussi une réduction du nombre de traitements.
Cette surveillance est mise en place au niveau local par le GDON, supervisée par l'OVS végétal et par la commission technique territorialement compétents.
Compte tenu de la spécificité du produit homologué en agriculture biologique contre la Flavescence dorée, trois traitements sont réalisés. Le premier traitement est mis en place au début du mois de juin, un mois après l’apparition des éclosions (le pyrèthre n’est efficace que sur cicadelle adulte).
Le second traitement est appliqué en fin de rémanence du premier. Il en est de même pour le dernier traitement.
Le traitement à base de pyrèthre naturel reste cependant un insecticide non spécifique aux cicadelles de la flavescence dorée. Cela signifie qu’il aura une action contre d’autres insectes. Dans ce sens, il est conseillé de ne pas traiter en période de vols d’abeilles et lors des heures les plus chaudes de la journée.