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2.3.8.b Sur quels critères se baser pour décider d’effeuiller ou non une parcelle ?

En général, on décide d’effeuiller une parcelle pour aérer la zone des grappes et améliorer leurs expositions au soleil. Mais aussi pour réduire le risque de contamination de Mildiou, Botrytis et d’Oïdium. Cependant, il est impératif de prendre en compte les caractéristiques de la parcelle afin de faire le bon choix concernant l’effeuillage.

Quelle est la vigueur de la parcelle ?

Il semblerait que la mise en place de l’effeuillage chaque année n’ait pas d’impact sur la vigueur et la fertilité de la vigne pour l’année n+1. Cependant, l’effeuillage doit dépendre de la vigueur de la vigne sur l’année n. Lorsque la vigne est très vigoureuse, un effeuillage est bienvenu puisqu’il permettra de limiter les risques de contaminations cryptogamiques. A l’inverse, lorsque la vigne est très peu vigoureuse, il faut faire attention à ne pas trop effeuiller. En effet, dans ce cas, chaque feuille à son importance et réduire le nombre de feuilles c’est aussi réduire l’activité photosynthétique et donc la synthèse de sucres.

Quelle est l’orientation des rangs ?

L’orientation des rangs est à prendre en compte lorsque l’on réfléchit un effeuillage. En effet, lorsque l’orientation des rangs ne permet pas au soleil d’atteindre les grappes, il est conseillé de procéder à un effeuillage partiel ou total afin de maximiser le contact des baies à la lumière.
De manière générale, l’effeuillage se fait du côté du soleil levant, ou, du côté opposé au soleil dominant, à l’est ou au Nord selon l’orientation des vignes. Le fait de supprimer les feuilles du côté soleil levant permet aux grappes d’être en contact direct avec un soleil aux rayonnements modérés. Il faut éviter d’effeuiller coté soleil dominant (l’après-midi). En effet, il fait plus chaud et ce sont les rayonnements de l’après-midi qui risquent d’abîmer le plus les grappes.

Quel cépage est planté sur la parcelle ?

Il faut aussi prendre en compte le cépage lorsqu’il s’agit de mettre en place un effeuillage. Certains cépages ont besoin d’une exposition lumineuse intense et sur le long terme. D’autres cépages en revanche, sont fragiles et risquent de montrer des symptômes de brûlures sur baies lorsqu’ils sont en contact direct avec le soleil. C’est le cas du Viognier qui brunit facilement à cause du soleil ou encore le Riesling. L’IBMP, principale molécule responsable des arômes de poivrons vert dans les vins issus de certains cépages dont le Cabernet Sauvignon et le Sauvignon blanc peut être limitée par la mise en place d’un effeuillage. En effet, cette molécule est dégradée au cours de la maturation par la lumière et la chaleur.

Des problèmes physiologiques sont-ils présents de manière récurrente sur cette parcelle ?

Prendre en compte les particularités physiologiques d’une parcelle permet de mieux adapter le type d’effeuillage et la période à laquelle il est pratiqué. Si la parcelle présente régulièrement des phénomènes de coulure sur grappes, il est préférable de limiter ou d’éviter l’effeuillage précoce, qui risque en créant davantage d’aération d’accentuer ce phénomène. De même lorsque la parcelle est sujette aux attaques répétées de Botrytis, l’effeuillage peut être envisagé. Mais lorsque les vignes sont effeuillées, la protection des grappes contre l’humidité est aussi moins forte en climat frais, la condensation sur les grappes peut augmenter le risque de développement de Botrytis. Un effeuillage double face peut être utile en arrière-saison. De même qu’un effeuillage précoce et progressif.

Quelle sont les conditions climatiques ?

Les conditions climatiques de la parcelle et/ou plus généralement du vignoble sont à prendre en compte pour réfléchir un effeuillage. Lorsque la parcelle se situe dans une zone humide, proche d’un cours d’eau, dans une cuvette, le risque d’attaque cryptogamique est plus élevé puisque l’humidité ambiante est favorable à certains champignons comme le Mildiou.
Lorsque c’est le cas, il est primordial de mettre en place un effeuillage précoce. Connaitre la réserve utile en eau du sol et suivre le régime hydrique de la plante apportent davantage de renseignements sur l’absorption racinaire de celle-ci et la nécessité ou non de mettre en place un effeuillage. Lorsqu’une parcelle est vigoureuse et se situe dans une zone de vent fort, une trop grande surface foliaire donnera lieu à une évapotranspiration plus forte. Lorsque le millésime est très sec cela peut stresser la vigne, un effeuillage permet de réduire ce phénomène. A l’inverse, lorsque la parcelle se situe dans une zone coupée du vent, une mauvaise aération peut conduire à des risques de coulures et de développement de maladies. Un effeuillage précoce peut réduire ce risque.

Le type de sol doit aussi être pris en compte, lorsque le sol est très caillouteux, de couleur claire et que la parcelle est très exposée au soleil, le risque de réchauffement au niveau du microclimat de la grappe est fort, l’effeuillage doit être entrepris avec précaution afin d’éviter les phénomènes de brulures.

Quel objectif de profil y-a-t-il sur cette parcelle ?

L’effeuillage mis en place doit aussi être raisonné en fonction du type de vin. Un effeuillage précoce et unilatéral et/ou un effeuillage plus tardif autour de la véraison permettra une meilleure qualité des raisins et une meilleure maturation. L’exposition prolongée des grappes au soleil permet une meilleure accumulation des composés phénoliques et des anthocyanes pour les vins rouges et des composés aromatiques pour les vins blancs. La suppression des feuilles et le moment dédié à cette opération peuvent et doivent être réfléchis en fonction de la date de récolte. Il faut alors se poser la question :

Est-ce que l’objectif est de vendanger précocement à fruit frais ou plus tardivement à fruit mûr ?
L’exposition des grappes au soleil permise par la suppression des feuilles basales, impacte aussi l’apparition de notes végétales indésirables. En effet, jouer sur le microclimat thermique et lumineux de la grappe par la mise en place d’un effeuillage, limite les concentrations en molécules type IBMP responsables de l’arôme caractéristique « poivron vert » sur des raisins rouges comme le Cabernet Sauvignon.

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