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2.4.1.a Le mildiou

Quels sont les symptômes du mildiou sur feuille ?

Le mildiou de la vigne (Plasmopara viticola) se développe sur tous les organes herbacés, affectionnant particulièrement ceux en voie de croissance (riches en eau). Le faciès « taches d’huile » du mildiou de la vigne, souvent observé sur jeunes feuilles, est caractérisé par l’apparition de plages décolorées, jaunes, d’aspect huileux sur la face supérieure, puis formation sur la face inférieure d’un duvet blanc assez dense constitué de conidiophores et de conidies. Le tissu altéré brunit et se dessèche. Le faciès « mosaïque » du mildiou est plutôt observé en fin de saison sur les feuilles âgées. L’attaque de mildiou se manifeste par de petites taches polyédriques de couleur jaune à brun-rouge nombreuses et limitées par les nervures.

Extrait de Vigne Vin Occitanie

Mildiou sur feuille (Source: Vigne Vin Occitanie)

Quels sont les symptômes du mildiou sur grappes ?

  • De l’apparition des inflorescences à la fin de la floraison, la rafle prend une coloration rouge brunâtre et se déforme en crosse. Les inflorescences peuvent être totalement détruites : elles se dessèchent et finissent par tomber.

  • Les boutons floraux et jeunes baies (jusqu’au stade « baies de la taille de grain de plomb ») se couvrent d’efflorescences blanches (conidiophores), c’est le faciès « Rot gris ».

  • Après la nouaison, les baies prennent une teinte brun-rouge à violacée, c’est le faciès « Rot brun », ou « coup de pouce » ou « dépression de la baie».

  • Après la véraison, les baies ne sont plus réceptives.

Extrait de Vigne Vin Occitanie

Mildiou sur inflorescences et grappes (Source: Vigne Vin Occitanie)

Est-il possible de confondre ces symptômes avec une autre maladie ?

Il est possible de confondre le mildiou de la vigne avec l’oïdium. Le faciès « taches d’huile » du mildiou souvent observé sur jeunes feuilles peut aussi être observé sur des feuilles touchées par l’oïdium, en début d’attaque. Il s’agit des toutes premières manifestations de ces deux maladies, qui lorsqu’elles évoluent se traduisent par des faciès différents et sont plus faciles à distinguer l’une de l’autre (Voir oïdium). Hormis cette ressemblance, le mildiou est relativement facile à identifier et aucune autre maladie ne lui ressemble en termes de symptômes.

Quelle est la biologie du champignon associé au mildiou de la vigne ?

Le mildiou de la vigne se conserve sous forme d’oospores présents sur les feuilles attaquées à l’automne et tombées au sol. Ces œufs d’hiver sont produits par la reproduction sexuée. Au printemps, après leur maturation, ces œufs germent dans l’eau à partir d’une température moyenne de 11°C, et libèrent des zoospores biflagellées qui peuvent se déplacer dans l’eau et provoquer les contaminations primaires. Après une incubation de 10 à 20 jours suivant les températures, apparaissent les conidiophores (fructifications contenant les conidies) sur la face inférieure des feuilles. Les conidies assurent les contaminations secondaires ou repiquages en présence de pluies. La phase d’incubation (période entre contamination et apparition des symptômes) est directement liée à la température, et peut se limiter à 5 jours en été. Sur le millésime 2020, les sorties de mildiou sur grappes sont apparues plus d’une semaine après les contaminations observées sur feuilles.

Extrait de Vigne Vin Occitanie

Cycle du mildiou. (Source: Vigne Vin Occitanie)

Quelles sont les pratiques favorisant le développement du mildiou ? Et quels moyens de lutte prophylactique mettre en place dans ce cas ?

Plusieurs pratiques peuvent favoriser l’apparition du mildiou et/ou son développement sur feuilles ainsi que sur grappes. Certaines mesures prophylactiques existent pour limiter le développement fongique :

  • Concernant la gestion et l’entretien de la canopée : lorsque les opérations en vert (rognage, effeuillage, échardage et épamprage) ne sont pas réalisées de manière optimale, il peut en résulter une forte densité foliaire et une aération moins qualitative de la vigne. Ce qui est une condition favorable à l’installation du mildiou et à son développement au sein de la canopée. Solutions prophylactiques : La suppression de certaines feuilles, entre-cœurs et grappes entassées permet de limiter la pousse du feuillage, une meilleure aération du microclimat et diminue le risque de contamination fongique. De même que la suppression des pampres sur la partie basse de la souche.

  • La gestion de la charge : il est possible qu’un entassement de végétation et/ou de grappes puisse favoriser l’apparition du mildiou de la vigne : premièrement, une charge conséquente ne permet pas autant d’aération qu’une charge modérée et peut créer un climat propice à l’installation du mildiou. Ensuite, les conditions de répartition de la charge peuvent aussi favoriser le développement de Plasmopara viticola, lorsque les grappes sont entassées, l’air passe moins facilement et le microclimat peut être plus humide et moins ouvert. Solutions prophylactiques : la charge en fruits se définit lors de la taille hivernale et éventuellement lors des opérations de dédoublage et d’éclaircissage plus tard dans la saison qui restent des pratiques correctives de la charge.

  • La gestion de l’enherbement : Une présence enherbée sous le rang ou l’inter-rang entretient un microclimat humide. L’évaporation de cette humidité et la transpiration du couvert végétal, en plus de conduire à l’abaissement des températures et à des risques plus importants de gelées printanières, peut favoriser la présence de mildiou. Enfin, une non-maîtrise de l’enherbement peut causer une contamination du couvert végétal aux grappes et aux feuilles proches du sol. Solutions prophylactiques : Lorsqu’un enherbement total ou partiel est mis en place, il est important de veiller à en limiter la hauteur afin d’éviter tout risque de contamination du couvert végétal aux grappes et aux feuilles. L’enherbement est une pratique qui permet, entre autres, de concurrencer la vigne sur l’alimentation hydrique, une contrainte hydrique modérée peut permettre de limiter la vigueur et l’expression végétative de la vigne.

  • Le choix du matériel végétal en fonction des caractéristiques de la parcelle : certains cépages sont plus sensibles que d’autres au mildiou, c’est le cas de la Grenache ou du Cabernet Sauvignon. Certains cépages sont aussi plus vigoureux que d’autres et leur plantation en zone humide et faiblement tamponnée peut favoriser l’apparition du mildiou de la vigne, c’est notamment le cas au château Latour ou les Merlot sont plus sensibles au mildiou que les Cabernet Sauvignon. Solutions prophylactiques : adapter le matériel végétal aux caractéristiques du sol et aux conditions climatiques (choisir un cépage et/ou un porte-greffe peu vigoureux sur des parcelles à forte humidité).

  • La gestion du drainage : certaines parcelles, peu drainées peuvent retenir l’eau à la surface jusqu’à plusieurs jours et constituer un climat humide très favorable à l’installation du champignon. Solutions prophylactiques : Un drainage avant plantation de ce type de parcelles sensibles aux retenues et stagnations d’eau peut réduire le risque de contamination par le mildiou de la vigne.

  • La gestion des traitements phytosanitaires : le mildiou est un champignon qui se développe facilement lorsque le climat est chaud et humide. Dans des conditions climatiques estivales, le manquement d’un traitement avant une précipitation peut être responsable d’une forte contamination par le mildiou. Solutions prophylactiques : suivre les prévisions météorologiques afin d’adapter au mieux les périodes de traitements et leur efficacité, des bulletins prévisionnels peuvent aussi être proposés par des professionnels.

Quelle lutte est possible contre le mildiou de la vigne en agriculture biologique ?

La lutte contre le mildiou doit être préventive. Il n’existe pas de produit systémique, mais uniquement des produits de contacts, qui sont assez sensibles au lessivage et nécessitent donc régulièrement d’être renouvelé après un cumul de 20 à 25 mm de pluie. La lutte chimique contre le mildiou se fait uniquement à base de sels de cuivre en agriculture biologique. Il s’agit de fongicides cupriques dont les principales formulations sont :

  • Le sulfate de cuivre (20% de cuivre métal, neutralisé à la chaux éteinte) : comme la bouillie bordelaise, utilisable à tout moment pendant le cycle végétatif, il est très efficace contre le mildiou mosaïque, peu phytotoxique, et a un très bon rapport efficacité/lessivage

  • L’hydroxyde de cuivre (50% de cuivre métal, mélange de sulfate de cuivre et de soude) : il est utilisable dès le début de la saison, soit dans le cas de faibles pluies, soit lors de forte pression cryptogamique. L’hydroxyde de cuivre peut s’utiliser dans les 8h suivant une pluie lorsque la vigne n’était pas protégée. Il est considéré comme peu phytotoxique mais légèrement plus lessivable que le sulfate de cuivre

  • L’oxyde cuivreux : (jusqu’à 75% de cuivre métal, oxydation de l’ion CU2+) utilisé en général l’été à l’annonce d’une pluviométrie importante, il est conseillé d’éviter son utilisation dans l’encadrement de la fleur, il est très phytotoxique

  • L’oxychlorure de cuivre : (50% de cuivre métal, mélange de cuivre et d’acide chlorhydrique), peu utilisé

Quels paramètres conditionnent le premier traitement ?

Le premier traitement ne semble pas ou peu lié à un stade phénologique précis mais davantage aux conditions climatiques hivernales et printanières ainsi qu’à la détection des foyers primaires. Deux traitements sont particulièrement déterminants dans la lutte contre le mildiou :

  • Celui qui bloque les contaminations primaires : Si le risque de contamination est fort en sortie d’hiver, le début de la protection doit se faire relativement tôt avant l’apparition de foyers primaires. A l’inverse, si le risque de contamination primaire est faible en sortie d’hiver, le début des traitements peut se faire plus tardivement.

  • Et celui qui bloque les contaminations secondaires (cycles à n répétitions) ou repiquages. Cette protection dépend moins des conditions climatiques. En effet, lorsque les foyers primaires existent, la protection doit être menée de manière constante, et ce jusqu’à la fin de la campagne de traitement.

Dans tous les cas, il faut éviter les repiquages, c’est-à-dire les contaminations secondaires. Ce risque de contamination et le moment du premier traitement se définissent en fonction des conditions climatiques (pluviométrie et températures en sortie d’hiver et au début du printemps) mais aussi en fonction de la facilité d’accès à la parcelle et de ses caractéristiques intrinsèques (inondations, vigueur, etc.). Une fois la protection démarrée, les traitements doivent se poursuivre avant les pluies.

Il existe aussi des modèles de prédictions fournis par les instituts, organismes et/ou les coopératives agricoles qui sont de très bons outils dans la prise de décision lors de la mise en place des premiers traitements.

Source : Guide des Vignobles Rhône/Méditerranée, 2014.

Quels paramètres conditionnent le renouvellement des traitements ?

La protection contre le mildiou est préventive, cela signifie que les produits utilisés sont des produits de contact, ce qui accroit grandement le risque de lessivage du produit pulvérisé. Pour avoir une couverture optimale, il faut renouveler régulièrement la protection en fonction des précipitations. Il apparait que le lessivage des différents produits utilisés dépend plus de la pluviométrie que de la formulation du produit lui-même. En effet, 30 à 40% du cuivre est lessivé après 20mm de pluie. Il est donc recommandé de renouveler le traitement après 20 à 25mm de pluie et de favoriser les apports réguliers de faibles doses plutôt que des apports massifs qui seraient, de toute façon, lessivés, nécessitant un nouvel apport.

La pluie est le principal élément qui conditionne un renouvellement, mais il en existe d’autres : lorsque la période de persistance du produit arrive à terme (une dizaine de jours en moyenne mais cela varie selon les produits commerciaux et leur formulation), ou lorsque la pousse de nouveaux organes herbacés non protégés a eu lieu.

L’absence de renouvellement de traitement annule totalement l’efficacité du traitement initial.

Existe-il des méthodes alternatives au cuivre ?

Il existe des méthodes alternatives au cuivre, utilisées en substitution ou en complément (dans un objectif de réduction des doses) pour lutter contre les contaminations fongiques, notamment celle du mildiou. Une première méthode concerne l’utilisation de préparations ou d’extraits naturels à effets biocide. C’est le cas de l’huile essentielle d’orange douce autorisée en agriculture biologique.

Une autre méthode consiste en l’utilisation de certains stimulateurs de défenses naturelles (SDN) des plantes autorisées en agriculture biologique (Voir partie : alternatives de luttes aux maladies).

Enfin, l’usage d’extraits végétaux en tisanes et/ou décoctions permettent lorsqu’elles sont associées aux traitements de réduire leur usage et de lutter contre les maladies cryptogamiques en stimulant les défenses de la plante. Les décoctions ou tisanes de prêle, riches en silice, les décoctions d’écorce de bourdaine riches en anthraquinones ou encore les tisanes de saule (salix) riches en acide salicylique permettent de lutter contre le mildiou et/ou l’oïdium grâce à leur principe actif (Voir partie : alternatives de lutte aux maladies).

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