2.6.4.a Quelles sont les différents critères discriminants dans le choix d’un engrais ou d’un amendement ?

Quelques indicateurs sont nécessaires à la compréhension du fonctionnement du sol. Nous avons évoqué précédemment le pH qui est capital et va influer sur les deux critères qui vont être décrits ici : le taux de matière organique (MO%) et le rapport carbone/azote (C/N).

La matière organique (MO) est définie par « l’ensemble des êtres vivants et des débris végétaux et animaux présents dans le sol » (Reynier A., Manuel de viticulture). Elle est constituée de racines, composés humiques, micro-organismes, lombrics… Elle a différents impacts sur le sol tant au niveau physique (rétention en eau, structure) que biochimique (augmente la CEC, stimule l’activité biologique...).
La dégradation de la matière organique d’origine animale ne laisse que des éléments minéraux simples, en solution ou fixés au complexe argilo-humique.
La dégradation de la matière organique d’origine végétale se classe en deux grands procédés, l’humification et la minéralisation.

L’humification conduit à des complexes humiques assez stables (lignine et cellulose). L’humus formé se dégradera lentement en CO2 et en substances minérales. L’humus permet d’augmenter l’activité biologique du sol sur le long terme et de libérer des éléments de manière régulée. Il augmente la stabilité du sol, la rétention en eau et l’aération du sol. Il est donc très intéressant d’avoir une bonne humification et plus particulièrement sur certains types de sols comme les sables qui ont un pouvoir très drainant.

La minéralisation correspond à la transformation de la MO en composés minéraux (N, S, P…) et dioxyde de carbone. C’est un processus rapide et les composés sont facilement libérés pour être accessible à la vigne, une partie est fixée au complexe argilo-humique. La vitesse de minéralisation est impactée par différents éléments comme le pH (optimal aux alentours de 7), la température du sol (optimum à 30°C) ; mais aussi le taux d’argiles (plus il y a d’argiles, plus la minéralisation est lente) et le travail du sol ; un sol bien aéré étant plus efficace.

Pour estimer la capacité de minéralisation d’un sol ou d’un amendement, on utilise le rapport C/N (carbone/azote) qui est un bon indicateur de l’activité biologique des sols et donc de la vitesse de minéralisation. Plus il est élevé plus la minéralisation est lente et inversement.
Globalement, un C/N classique doit être compris entre 8 et 12. La connaissance de cette donnée permettra de choisir le type et la quantité d’engrais ou d’amendements à apporter lors de la fertilisation.
Si le C/N de la parcelle est très élevé, il faut apporter un produit avec une vitesse de minéralisation rapide (C/N aux alentours de 10) afin de de stimuler l’activité biologique du sol. Dans ce cas, le produit apporté est généralement un engrais plutôt qu’un amendement.
A l’inverse, si le rapport C/N est déjà faible, il faut faire un apport avec un C/N élevé pour équilibrer la vitesse de minéralisation.
Voici un tableau récapitulant l'état du C/N en fonction de sa valeur:

Outre-le C/N, il faut également prendre en compte le taux de matière organique. Le taux idéal dépend de la granulométrie du sol. Globalement, il est compris entre 1,5 et 2,5% de MO et parfois plus sur des sols très argileux comme c’est le cas en Bourgogne. De même, pour une tonne d’apport donné, la masse de matière sèche stable est à regarder pour choisir son produit.
Pour bien comprendre le choix à faire en fonction de ces deux critères voici un tableau avec les cas souvent rencontrés :

Dans certains cas, les amendements ne sont pas la seule option. Les enherbements pour décompacter le sol peuvent parfois s’avérer suffisants pour augmenter l’activité biologique du sol, dans le cas de MO élevées.
Des engrais verts semblent aussi adaptés afin de combler certaines carences.