Les tisanes sont obtenues par infusion, il s’agit d’une autre méthode d’extraction de principes actifs et/ou d’arômes par l’eau chaude. A la différence d’une décoction, l’infusion concerne les parties les plus souples notamment les feuilles, les herbes, les fruits et/ou les fleurs. Idéalement, le liquide (eau) est porté à ébullition puis versé chaud sur la partie végétale à extraire, l’infusion peut avoir une durée différente en fonction de la plante. Le temps d’infusion peut varier, tout comme la quantité de plantes à apporter, mais le processus de celle-ci reste le même :
2.4.4.b.c Les tisanes
- Couper les plantes en fragments grossiers
- Plonger les fragments de plantes dans de l’eau froide
- Couvrir et faire chauffer
- Couper le feu quand le frémissement de l’eau commence (dès 70-80°C pour le saule et la reine des près dont le principe actif, l’acide salicylique, est détruit au-delà de cette température)
- Mettre un couvercle et laisser infuser jusqu’à refroidissement
- Filtrer et ajouter à la bouillie de traitement
OÙ
- Couper les plantes en fragments grossiers
- Couvrir et faire chauffer ou bouillir l’eau en fonction de la température recommandée
- Verser l’eau sur les extraits de plantes
- Laisser infuser jusqu’à refroidissement
- Filtrer et ajouter à la bouillie de traitement
Une fois les infusions réalisées et refroidies quelques temps dans la tisanière, le contenu est filtré et mis en bidons de 20 litres. Le contenu sera alors pulvérisé tel quel selon les besoins (notamment avant un épisode de gel, après un épisode de grêle ou une canicule) ou ajouté aux préparations de traitements (lutte contre les maladies cryptogamiques).
L’infusion de prêle
La prêle peut aussi être infusée et utilisée en tisane. Elle aurait un rôle desséchant en plus du rôle anti-mildiou déjà avéré. Il est conseillé de l’appliquer en conditions humides. Elle est plus régulièrement utilisée en décoction, la prêle étant une partie plus dure, elle nécessite un temps de trempage préalablement à l'infusion.
L’infusion d’ortie
L’ortie est une plante régulatrice et stimulante de la croissance végétale et du développement racinaire. Riche en azote et en fer, elle a aussi une action fertilisante. Elle possède un effet préventif modéré contre le mildiou.
Une meilleure efficacité est observée lorsque la tisane est employée en mélange avec le cuivre et le soufre, ce qui peut permettre de diminuer les doses habituelles de ces produits. Il est conseillé de traiter en conditions plutôt sèches. Elle favorise une bonne humidification du sol. La dose recommandée et de 100 g de plante sèche/ha pour une infusion à 80°C. Il est possible de combiner ou d’alterner son action avec d’autres infusions comme l’osier ou la prêle.
Les infusions de reines des prés, d’osier ou de saule
La reine des prés, l’osier ou encore le saule sont utilisés en prévention dans la lutte contre les maladies cryptogamiques notamment le mildiou et possèdent un effet favorable pour la prévention de l’oïdium et du botrytis. Ce seraient aussi des stimulateurs de défenses naturelles de la vigne grâce à la présence d’acide salicylique. Une meilleure efficacité est ici aussi observée lorsque la tisane est employée en mélange avec le cuivre et le soufre, ce qui peut permettre de diminuer les doses habituelles de ces produits.
Il est conseillé d’utiliser l’osier en conditions plus ou moins humides. Il est conseillé de ne pas dépasser 80°C pour garder les bénéfices de l’acide salicylique, les doses sont de 250 g/ha pour la reine des près, 200 g/ha pour les tiges de saule et 100 g/ha pour l’écorce d’osier.
Le Saule et le fonctionnement des matières actives qu’il contient : Le saule (Salix) contient de nombreux phénols notamment des dérivés salicylés comme l’acide salicylique qui induit la synthèse de protéines de résistances lors de l’attaque fongique et permet de réduire la sporulation du pathogène.
L’acide salicylique est un intermédiaire dans les mécanismes de défense de la plante, il permet la synthèse de protéines PR (Pathogen Related) qui peuvent attaquer le pathogène, c’est le cas des chitinases qui dégradent les parois des champignons.
Les tisanes d’achillée millefeuille
L’achillée millefeuille est riche en acide salicylique et flavonoïdes (comme le Saule et la reine des près) ainsi qu’en acide iso-valérianique (ou isovalérique). Elle peut être utilisée efficacement en période de forte chaleur et contre l’oïdium, mélangé au soufre. Il est conseillé de faire infuser 100 g/ ha dans 30 litres d’eau par hectare. L’achillée aurait aussi des vertus rafraîchissantes et permettrait de lutter contre le stress lié à la sécheresse. Il est conseillé de l’utiliser en conditions sèches et chaudes, sur les parcelles en souffrance pour limiter les risques d’échaudage. A mettre en place dans l’encadrement de la floraison, elle permettrait de limiter les risques de coulure, et permettrait une bonne multiplication cellulaire.
Les infusions de Camomille matricaire
Cette plante stimule les échanges du soufre, du calcium et du potassium. Elle favorise la formation de sucres pour les fruits pour une application à fermeture de grappe/début véraison. Elle permettrait aussi de combattre le stress en cas de sécheresse par une régulation thermique. Elle peut être utilisée à hauteur de 10 à 50 g/ha pour un objectif de maturité et jusqu’à 60 g/ha de plante sèche pour lutter contre la sécheresse dans 180 à 200 L/ha.
Les infusions de Pissenlit
La tisane de fleurs de pissenlit améliore la qualité des tissus des plantes et favorisant ainsi leur résistance à la pénétration des champignons. Le pissenlit agit sur le métabolisme de la silice et du potassium et sur la maturation des fruits. Il est conseillé pour une infusion de pissenlit d’utiliser une dose de 10 g/ha à 30l/ha. Une application au stade 4-5 feuilles étalées favoriserait la maturité des fruits. Une application ou deux à véraison favoriserait la formation des fruits. Enfin une dernière application ou deux en cas de sécheresse permettrait de réguler l’évapotranspiration.
Les tisanes de consoude
Riche en azote, en fer, en potassium, en silice, en oligo-éléments rares comme le zinc, le manganèse et le bore, cette plante est stimulante et a également un effet fongicide. Elle peut être utilisée en tisane ou en macération. Elle peut être également utilisée en cas de carence foliaire en bore. Appliquée après la récolte et avant la chute des feuilles, elle favorise la reconstitution des réserves et permet un meilleur débourrement au printemps suivant. Une dose de 100 g/ha infusée ou macérée est conseillée.
Tableau récapitulatif
Plante | Partie utilisée | Catégorie | Élément | Objectif(s) | Mécanisme(s) | Application | Dose |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Prêle | Plante entière | Substance de base, Biostimulant | Silice, calcium | Maîtrise de l’humidité | Action desséchante, insectifuge, résistance au mildiou | Débourrement ou pointe verte jusqu’à boutons floraux agglomérés | |
Ortie | Feuilles ou plante entière | Biostimulant | Azote, fer, acide formique | Stimuler, reconstituer | Fertilisation, Fortifie les défenses microbiennes du sol et favorise les défenses de la plante | Boutons floraux agglomérés | 100 g PS/ha |
Plante entière | Fer | Favoriser les échanges | |||||
Acide formique | |||||||
Reine des prés, osieur, saule | Écorce ou tige | SDN, substance de base (saule) | Acide salicylique et autres polyphénols | Maîtrise de l’humidité | Résistance contre les champignons, Stimulateur de défenses naturelles | De boutons floraux séparés à taille de pois | 250g/ha pour la reine des près 200g/ha pour les tiges de saule 100g/ha pour l’écorce d’osier |
Achillée millefeuille | Plante entière | Biostimulant, SDN | Soufre, potassium, acide salicyllique, acide isovalérianique, flavonoïdes, alcaloïdes | Favorise la fleur, Lutte contre la sécheresse | Résistances aux maladies, Lutte contre la coulure, multiplication cellulaire | Boutons floraux séparés jusqu’à taille de pois | 10g PS/ha |
Camomille matricaire | Plante entière, fleurs | Biostimulant | Soufre, potassium, calcium | Accompagner la maturité des fruits, Lutter contre la sécheresse | Stimule les échanges d’éléments, favorise la formation de sucres pour le fruit, régulation thermique | Fermeture de grappe, début véraison, fin véraison si sécheresse | 10 à 50g PS/ha pour la maturité, 50 à 60g PS/ha en cas de sécheresse |
Pissenlit | Fleurs, fruits | SDN, biostimulant | Silice | Accompagner la maturité des fruits, Lutter contre la sécheresse | Améliore la qualité des tissus et limite la pénétration du champignon, régulation thermique | 4-5 feuilles étalées pour la maturation | 10g PS/ha |
Consoude | Feuilles | Biostimulant | Potassium, fer, calcium, bore, zinc, silice, manganèse, allantoïnes | Favoriser la fleur | Fertilisation,cicatrisation | Avant la fleur pour favoriser la fructification, Après vendange avant la chute des feuilles pour une bonne mise en réserve | 100 g PS/ha |
Valériane | Plante entière | Biostimulant | Phosphore, acide iso valérianique | Se remettre d’un traumatisme | Protection contre les gelées, cicatrisation après la grêle | Avant ou après un gel ou un stress |